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Lectures d'été

Sur la plage, au sommet d'une montagne, dans votre jardin ou sur votre balcon, voici quelques conseils de lecture pour passer un bel été !


Gueules noires de Zampano et Domon

Casa Editions, 2021.

Entre Lens et Valenciennes, au beau milieu des anciennes mines, dont il ne reste que les installations à l’abandon, un quartier se meurt. Les familles et les commerces quittent la région, le chômage et la précarité font la loi. Dans ce contexte difficile, un groupe de gamins cherche désespérément un nouveau terrain de foot lorsqu’il « visite » la mine et tombe sur le lieu d’appel des mineurs. En réunissant leurs bras et ceux de leurs mères, le terrain de foot voit le jour et l’équipe des « gueules noires » est née. Cette initiative va raviver la joie et redonner de l’espoir à toute une rue, permettant même une unité et une solidarité qui semblaient avoir quitté les foyers. « ce match c’est plus qu’un match, comprenez-le bien, c’est une flamme qui se rallume ». Derrière ce scénario, on retrouve Zampano, plus connu sous le nom d’Alain Gillot, scénariste et romancier, dont je vous conseille également le roman « La surface de réparation » (Flammarion), lauréat du Prix Jules Rimet 2015, adapté au cinéma sous le titre Monsieur Je-sais-tout. Sur le sujet des gueules noires, vous pouvez lire Le Racing Club de Lens et les « Gueules noires » de l'historienne Marion Fontaine.




Blue Lock de Yûsuke Nomura et Muneyuki Kaneshiro

Ed Pika, 2021. Série en cours.


Un nouveau manga sur le foot ! Suite à l’échec du Japon dans la Coupe du monde 2018, l’Union japonaise de football décide de faire table rase du passé pour mettre en place un nouveau programme de détection. Il faut trouver le futur attaquant de l’équipe nationale avec pour objectif de remporter sa première coupe du monde. Les 300 meilleurs attaquants de moins de 18 ans se retrouvent dans un centre de formation, qui ressemble davantage à une prison futuriste. Un seul individu en sortira vainqueur. Pour le coach Jinapchi Ego, l’objectif est clair : détecter la perle rare qui écrasera tous ses rivaux par son talent mais aussi par son individualisme ! Yoichi Isagi, choix numéro 299 et fan du français et ballon d’or Noel Noa, va devoir abandonner son jeu collectif et se transcender pour devenir le meilleur. On retrouve tous les ingrédients qui rendent un manga sur le foot attrayant : la rivalité, l’attachement à des personnages marquants aux personnalités différentes qui font face à des rivaux, l’injustice, l’outsider, l’arrogant. Mais ici, l’aspect sociale, le jeu collectif, l’entraide que l’on retrouvait dans Captain Tsubasa ou L’Equipe Z est remplacé par une volonté de l’école de trouver le joueur le plus individualiste possible en passant par des épreuves impitoyables. Ici on joue pour soi et on écrase les autres. Un Battle Royal du foot. Déroutant mais addictif.




Joue-la comme Megan de Assia Hamdi

Ed. Marabout, 2021.

Depuis 12 ans, la journaliste Assia Hamdi s’intéresse à la place de la sportive. C’est la prise de parole de l’ex-patineuse Sarah Abitbol sur les violences qui a déclenché son envie d’écrire. Elle a réuni toute la matière accumulée depuis des années, s’est appuyée sur l’expertise d’universitaires, et a complété par des entretiens avec des sportives. Le résultat est un état des lieux des différentes problématiques propres au sport au féminin : le corps et sa sexualisation, les menstruations, la maternité, l’égalité salariale, les violences, l’absence de femmes à la direction des clubs et fédérations. Un tour d’horizon qui montre les avancées, les initiatives mais également le chemin qu’il reste à faire. Joue-la comme Megan, dont le titre est un clin d’œil au film de Gurinder Chadha et à la footballeuse Megan Rapinoe, est une injonction à se lancer, à prendre la parole pour défendre une idée. Et cela colle parfaitement avec le sujet du livre. Prenons par exemple la question du corps. « Le corps de la femme et ici de la sportive est toujours un problème » constate Assia Hamdi. « Dun côté, la structure sportive n’a pas vraiment pris en compte les spécificités du corps féminins, par exemple, l’entrainement n’est pas adapté à la période des menstruations, comme m'ont expliqué certaines sportives, et les rares gynécologues du sport tentent de leur côté de rattraper le retard en épaulant les encadrants, mais c’est long ; et de l’autre côté, on valorise un corps esthétique, comme avec Anna Kournikova, au détriment d’un corps performant comme ceux de Serena Williams et Megan Rapinoe mais qui n’entre pas dans les canons de beauté ». Il y a un idéal du corps sportif et il faut y coller le plus possible pour être visible. Le constant est simple, le sport a été pensé par et pour les hommes. Pour que cela change, les sportives doivent s’exposer, alerter les médias, communiquer sur les réseaux sociaux, et prendre le risque de parler à leurs entraîneurs de ces questions intimes. A ce titre, le témoignage de la basketteuse Sandrine Gruda sur l’endométriose est très fort. Un ouvrage salvateur qui se veut accessible à tout public.



L’ombre d’un géant de Vincent Radureau

Hugo poche, 2021.

Dans un précédent article, je vous avais parlé du polar Le dernier match de River Williams de Vincent Radureau, figure historique du service des sports de Canal + depuis 1992. Largement plébiscité par les lecteurs et la presse, il était inconcevable que le journaliste ne revienne avec une autre fiction. C’est chose faite avec l’Ombre d’un géant. Cette fois, on quitte la poussière et le désert de l’Utah pour le béton et le playground de Brooklyn. Lors d’un match de rue, un basketteur éblouit les spectateurs en réalisant un dunk digne d’une star de la NBA. La scène est filmée par un téléphone et se transforme rapidement en véritable « buzz » sur les réseaux sociaux. Qui peut bien être ce géant ? Et si ce basketteur amateur était River Williams, le fameux prodige des Boston Celtics, disparu 7 ans plus tôt à la mi-temps de la finale NBA contre l’Utah Jazz, dans des conditions mystérieuses ? La gestuelle, le regard, le talent, tout porte à y croire. Ce nouveau polar est en réalité la suite du dernier match de River Williams. Et celui-ci est parfaitement encré dans son époque. A partir d’un geste sportif, Radureau démontre parfaitement l’impact des réseaux sociaux, la propagation des fake news, mais aussi des suprémacistes blancs, et la réappropriation du geste par les politiques lors d’une élection américaine qui rappelle beaucoup celle de Biden et Trump. A ce rythme, les lecteurs vont vite lui demander un troisième volet.



Au milieu de l’été, un invincible hiver de Virginie Troussier

Ed. Paulsen, Guérin, 2021.

Au milieu de l’été 1961, sept jeunes alpinistes ambitieux, quatre français et trois italiens, se retrouvent par hasard dans la cabane de Fourche et décident de faire une ascension commune vers le pilier central du Freney à 4500m, la paroi Sud du Mont-Blanc. Considérée comme le « dernier problème des Alpes », elle excite l’élite de l’alpinisme européen. Parmi eux, il y a Walter Bonatti, 31 ans, le plus aguerri, c’est lui qui mène l’expédition aux cotés de Pierre Mazeaud. Alors qu’ils sont à 80 mètres du sommet, un orage dantesque les prend en otage pendant 7 jours ! L’appareil auditif du français Pierre Kohlmann grille, il s’évanouit et ses compagnons le ramènent en vie grâce à une injection de Coramine. La peur s’installe. Les cordes laissées sur les parois claquent dans le vent, la poussière de neige les aveuglent, le froid les saisit. « Leur destin est entre les mains des hasards du ciel. Tous pensent à la fin sans en parler ». Malheureusement quatre d’entre eux ne redescendront jamais de cette expédition. Dans un effort et une abnégation surhumaine, Walter Bonatti et Roberto Gallieni réussissent à rejoindre la cabane Gamba pour prévenir les secours qui retrouveront miraculeusement Pierre Mazeaud. Dans les jours qui suivent, la presse alimente une polémique en reprochant à Walter Bonatti de ne pas avoir assez fait pour sauver ses collègues, d’avoir réagi trop tard pour redescendre. Mais pour l’écrivain Dino Buzzati, il faut plutôt se demander comment a-t-il pu en faire autant dans de telles conditions ? Allez savoir pourquoi lors d’une tragédie de ce genre, les survivants sont toujours pointés du doigt comme si le fait d’avoir survécu était une faute. Dès qu’un malheur arrive en montagne, il faut chercher un responsable comme si tout était justifiable. Grâce à des entretiens avec Pierre Mazeaud, l’un des 3 rescapés, Virginie Troussier revient jour après jour sur cette ascension jusqu’au drame. Elle en retire le substrat de ce qui compte, de ce qui reste. Avec sa plume littéraire et romanesque, elle a parfaitement su nous replonger dans cette tragédie, pour rendre un très bel hommage à ceux qui considèrent que le « lieu ultime n’est pas la tombe mais la montagne ».




Avec Mollie de William Finnegan

Editions du sous-sol, 2021

William Finnegan et sa femme se rendent dans le Vermont pour voir leur fille Mollie dans un camp de vacances. Ils sont impatients car c'est la première qu'elle quitte le foyer aussi longtemps. A leur arrivée, c'est le choc. ils découvrent leur fille de 12 ans en train de pratiquer l'escalade. Elle, qu'ils percevaient comme leur petite fille intello et pas très sportive d’après son père, sont bousculés de leur certitude. En moins d’une minute, elle grimpe une tour de 12 mètres, « nous étions… stupéfaits ». Discrète, impassible, entêtée, elle n’aurait jamais parlé de ses exploits d’escalade si ses parents ne l’avaient pas vu « mais je pouvais dire avec autant de certitude qu’elle avait pris plaisir à me remettre à ma place ». Quelques semaines plus tard, Mollie rentre à la maison. Un dimanche matin, elle et son père se rendent à un mur d’escalade de Chelsea Piers, une première pour William, plus connu pour sa passion du surf (lire Jours Barbares). Le moniteur du mur est impressionné par la jeune fille, naturellement douée pour grimper. Il conseille à William de l’emmener dans un gymnase du Long Island, dans le Queens. Un ancien entrepôt immense où se trouve hipsters musclés, musique assourdissante et une centaine de parcours d’escalade. Ce lieu est un choc sensoriel pour William, car grouillant d’individus sur des prises tape à l’œil, sur des murs de couleurs vives, "un triptyque de Jérôme Bosch si celui-ci n’avait pas représenté le paradis et l’enfer, ni le jugement dernier." Pour la première, Mollie devient son guide, son mentor, son coach. les rôles sont inversés. Petit à petit, la petite intello se transforme en petite athlète. Elle devient végan, surveille sa nutrition et fait une préparation physique. Puis vint l’attrait de vrais rochers. Direction le Rat Rock à Central Park. « J’étais abasourdi, je l’avoue. Elle était si sûre d’elle, si forte face à ces problèmes douteux ». mais elle est aux anges, dans son élément. Ce nouveau livre du journaliste William Finnegan est un très beau récit sur les liens père-fille, le plaisir de se retrouver, de partager des moments ensemble comme lorsqu’elle était enfant et qu’ils passaient beaucoup de temps à vélo ou à lire, le plaisir d'un père de voir son enfant s'épanouir. A noter, les superbes illustrations d’Aleksi Cavaillez.



Manga et Sport, une passion japonaise de Antony "Rufio" Teixeira

Third Editions, 2021. La France est le second pays du manga après le Japon. Ce médium japonais y trouve du succès, sans compter son adaptation à l'écran avec les animes, particulièrement depuis la génération Club Dorothée. Au sein de cet univers, le sport s'y est fait une place de choix après la Deuxième Guerre Mondiale avec le baseball, la boxe et les arts martiaux. Mais très vite, les mangakas et leurs éditeurs se sont intéressés à tous les sports possibles. Football, tennis, volleyball, basketball, sports motorisés, cyclisme ne sont que quelques exemples des sports traités par le manga japonais et qui ont donné des monuments du manga comme Slam Dunk, Captain Tsubasa (Olive et Tom), Touch (Théo ou la balle de la victoire) ou Hajime no Ippo. Ce genre particulier, appelé supokon, est le thème du livre d'Anthony Teixeira, Manga et Sport, une passion japonaise, sorti en juin chez Third Editions. Un ouvrage qui permet, à travers le supokon, d'explorer le Japon, son histoire, sa culture et son rapport au sport. Mais l'auteur ne s'arrête pas à cela. Il permet également au lecteur ou à la lectrice de mieux comprendre cette véritable industrie culturelle, ses techniques, ses inspirations tout en faisant un focus sur certains sports et certaines œuvres. Une lecture plaisante et instructive parfaite pour la plage ou le hamac.



Ao Ashi playmaker de Yûgo Kobayashi

Mangetsu, série en cours.

Avec une coupe de cheveux à la Yarol Poupeau, le jeune Ashito Aoi, collégien en dernière année, rêve de devenir pro. le N°10 joue pour le collège Futamhama, mais son fort tempérament - il n’hésite pas à mettre un coup de boule à son adversaire qui le chambre - lui vaut un échec cuisant lors de la dernière coupe intercollège. Ce gamin immature se présente comme la réincarnation de Ronaldo et Lewandowski, est toujours mal perçu dans ses anciennes équipes car trop individualiste. A la plage, il croise la route de Tatsuya Fukuda, coach U18 du Tokyo City Esperion FC, qui secoue ses certitudes, pour le faire progresser techniquement et tactiquement notamment de mieux comprendre ses coéquipiers. Suite à cet entrainement improvisé, il lui propose de venir aux tests de détection, la voie royale pour devenir pro au Japon. En effet, chaque club de J League doit avoir une section U18, celle de Tokyo est l’une des plus réputées. Les 11 joueurs retenus vont devoir affronter les U18 du club pro de Tokyo pour taper dans l’œil de l’entraîneur. Sans préparation collective ni entente préalable, la tâche des 11 collégiens s’annonce quasiment insurmontable. Ce manga foot, même s'il est assez classique notamment par un recours à un dessin et des actions réalistes, est prenant.



Olympia de Paul-Henry Bizon

Edition Gallimard, 2021

Roxanne Vidal mène la campagne publicitaire d’un grand groupe horloger pour les Jeux de Paris 2024 et a choisi Marie-Josée Pérec comme égérie. Alors qu’elle doit bientôt la rencontrer, elle semble l’apercevoir dans une fête d’école à Paris. Un mirage ? Olympia débute comme une chronique acide du monde du marketing puis, peu à peu, le récit se transforme convoquant plusieurs réalités. Roxanne va ouvrir une nouvelle dimension, faire remonter un drame intime enfoui et découvrir Olympia, un lieu de sororité sportive. Cet ouvrage intriguant et surprenant parle du sport mais surtout de la place des femmes et de la pratique sportive comme moyen de gagner le combat du corps dans un monde où celui des femmes est soumis aux hommes. Un roman intelligent à l’élégante écriture.


M'en fous, du Foot de Hernan Casciari (Ed. En Exergue)

Une passion absurde et dévorante de Olivier Guez (Ed. de l'Observatoire)

Hernán Casciari s’est fait connaitre en Argentine au début des années 2000 grâce à Mujer gorda, un blog fictif d’une ménagère argentine, Mirta Bertotti, qu’il a débuté peu de temps après son installation à Barcelone, dans le but de divertir ses amis argentins. Il a été élu meilleur du monde en 2004 par Deutsche Welle la radiotélévision publique internationale allemande. Il est devenu une véritable star avec son premier livre Un peu de respect, j’suis ta mère (Calmann-Lévy). Fan de football et de Maradona, il revient avec « m’en fous, du foot », un recueil de textes plein d’humour potache et de sensibilité à fleur de peau, capable de nous faire passer du rire aux larmes en quelques phrases. Une passion absurde et dévorante, le nouveau livre d’Olivier Guez (Prix Renaudot en 2017), aurait pu être le sous-titre de ce recueil, tellement les deux auteurs nous témoignent de ce lien passionnel avec le ballon rond, qu’ils retranscrivent parfaitement cet état de transe et d’angoisse que le supporter connait lors des matchs – avec le soutien indéfectible des femmes de la famille pour Casciari– qu’il devient « superstitieux lunatique, et irrationnel » lors de la Coupe du monde ou pendant la saison du Racing*, de sa solitude lorsque son équipe perd, ou celle du supporter expatrié lorsque son club gagne enfin le championnat après 34 ans. « J’ai pleuré, face au mur, dans un coin de la planète où le Racing n’était rien ». La victoire sert-elle à quelque chose si l’on ne peut pas la partager avec les siens ?

*Racing club de Strasbourg pour Olivier Guez et Racing Club pour Casciari.



Lewis Hamilton : La route du champion de Daniel Ortelli

City Editions, 2021.

La biographie de l'homme de tous les records ! Plus jeune pilote à signer un contrat avec une écurie de F1, Lewis Hamilton a 13 ans lorsqu'il arrive chez McLaren, pris sous son aile par un certain Ron Dennis. A 23 ans, il est plus jeune champion du monde dès sa 2e saison, record aujourd’hui détenu par Sébastien Vettel. Depuis, il a remporté sept championnats du monde et 99 grands prix !

Notre entretien avec Daniel Ortelli : urlz.fr/g9vq





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