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Le plongeon sportif vu par les cinéastes

Le plongeon requiert de nombreuses qualités, athlétiques et plastiques (précision, maîtrise, souplesse, élégance…), qui en font un sport extrêmement visuel. Cette qualité esthétique n’a d’ailleurs pas échappé aux artistes, comme en témoignent de célèbres tableaux, photographies, sculptures et gravures depuis l’Antiquité[1].

Il a aussi inspiré, avec des perspectives et des techniques diverses, plusieurs réalisateurs de court-métrages. En 2004, le cinéaste finlandais Pekka V. Lehtinen rendait hommage, dans son documentaire expérimental Bernard Hyppää, à Bernard Wrightson, médaillé d’or en plongeon pour les États-Unis aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico. Au cours de l’été 1969, Bernard Wrightson a visité le stade de natation d’Helsinki en Finlande, où, dans le décor des Jeux olympiques de 1952, il a effectué de magnifiques plongeons qui ont été filmés en Super 8 par le plongeur finlandais Birger Kivelä puis montés et mis en musique par Pekka V. Lehtinen. Ces plongeons virtuoses (sans dialogues) sont visibles en ligne à l’adresse suivante : https://vimeo.com/273280618


Chez d’autres cinéastes s’ajoute à la performance physique une composante psychologique, qui met à deux reprises en jeu la relation père-fils. Dans Diving, court-métrage bulgare de 2005, tout d’abord : un ancien champion de plongeon veut à tout prix que son fils devienne champion à son tour, mais son approche trop autoritaire aura des conséquences funestes. Ce film de Robert Vukajlo est visible en ligne (en bulgare avec sous-titres anglais) à l’adresse suivante : https://youtu.be/cdE0v3cmMAg


Plus récemment, dans Bassin(s) (2019), de Titouan Le Gouis, le père de Théo, qui est aussi son entraîneur et avec lequel les relations sont pour le moins tendues, le voit comme un futur champion de plongeon et se montre très exigeant envers lui. Sur cette problématique de la transmission sportive familiale et de la peur de décevoir se greffe la question de l’identité sexuelle lorsque qu’Arthur, un nouveau venu, devient le troublant coéquipier de Théo. A l’entraînement, les corps souffrent, dans les vestiaires ils se rapprochent. Mais l’enjeu et l’engagement n’est pas le même pour les deux garçons. La bande-annonce de ce film est à voir ici :


Le réalisateur américain Brian Blum aborde encore un autre aspect dans son film de 2015 au titre explicite, Blood and Water, celui du traumatisme de la blessure et de son impact psychologique. Le jeune Garrett Delaney espère atteindre le niveau mondial en plongeon, entraîné depuis son plus jeune âge par sa mère Tracy. Mais un très grave accident à l'entraînement ébranle sa confiance dans son rêve olympique. Il doit prendre une décision, abandonner ou poursuivre son idéal, quitte à en mourir. La peur de l’accident se combine chez Brian Blum à la pression de la transmission familiale, même si cette fois c’est une mère qui est mise en scène. Steele Johnson, l’acteur qui interprète Garrett Delaney, a remporté la médaille d’argent du haut-vol à 10 mètres synchronisé aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il anime également une chaîne YouTube à son nom (https://www.youtube.com/c/TheSteeleJohnson). Un autre médaillé olympique, Scott Donie (Barcelone, 1992), joue son propre rôle dans le film. Blood and Water est à voir (en anglais) ici :


Le film expérimental brésilien Saltos de Gregório Graziosi (2008) montre un jeune plongeur sportif qui commence à perdre l'ouïe. La blessure et le handicap sont certes moins visibles que dans le cas d’un choc avec le plongeoir, mais ils occasionnent de la même manière une remise en question face à l’avenir. Ce film est visible en ligne (en portugais avec peu de dialogues) :


Dans Somersault Pike, la réalisatrice australienne Kate Lefoe (2016) explore la peur d’une jeune femme face au plongeoir de 10 mètres. Ce vertigineux face à face avec elle-même est visible ici (sans dialogues)


Voici aussi le lien vers le dossier de presse (en anglais), qui contient des photos du tournage et la note d’intention de la réalisatrice : http://katelefoe.com/wp-content/uploads/2016/04/Somersault-Pike-Press-Kit_Kate-Lefoe_June-2017.pdf


Le court-métrage espagnol Lina, de Nur Casadevall (également en 2016), met quant à lui l’accent sur la problématique des abus sexuels dans le sport. Lina est une âme sensible piégée dans un monde hostile, doublée d’une athlète discrète et consciencieuse. Solitaire, elle finit par chercher refuge auprès de son entraîneur de natation… mais le saut dans l’abîme – le plongeon fonctionne ici comme une métaphore – sera brutal. Ce film est à voir en ligne (en espagnol avec sous-titres anglais) :


Dans La plongeuse (2018), Iulia Voitova rend hommage aux kinésithérapeutes, masseurs et ostéopathes qui, dans l’ombre, prennent soin des corps abîmés par les entraînements et les efforts répétitifs. La plongeuse qui donne son titre au film est une créature de papier au corps froissé, mais que des mains expertes vont remettre sur le chemin de la compétition et de la gloire. La bande-annonce de ce film est à voir ici (film d’animation sans dialogues) : https://vimeo.com/279063310


Je complète cette sélection en vous signalant quelques spots publicitaires liés au thème du plongeon, même si le cadre sportif s’y trouve détourné à des fins commerciales. Cela prouve combien ce sport, synonyme d’élégance mais aussi de prise de risque marque les esprits. Les marques automobiles notamment ont eu à plusieurs reprises recours à l’imagerie de plongeon sportif.

Dans un spot de 2002 pour la marque BMW, réalisé par Daniel Barber, une femme se tient au bout d’un plongeoir au-dessus d’une vaste piscine. Nous la voyons marcher calmement vers le bout du plongeoir et se préparer à plonger. Nous nous approchons alors qu’elle regarde la piscine en dessous d’elle. Il n’y a pas d’eau dans la piscine, mais au fond de celle-ci est garée la nouvelle BMW Série 7. Ce spot est à voir ici : https://vimeo.com/48459385


En 2012, un spot pour la Ford B-Max met en scène un plongeur de haut vol qui relève un défi assez particulier… Pour le découvrir, c’est ici : https://dai.ly/xucfex


Je vous propose encore de remonter jusqu’en 1981 avec ce spot publicitaire « Plongeon à Miami » pour les maillots de bain masculins Eminence, qui souligne bien la plastique des athlètes plongeant ici sur fond de musique classique : https://www.ina.fr/video/PUB3250603060/eminence-plongeon-a-miami-video.html


La marque de dentifrice Colgate opte aussi pour le plongeon en 1997, mais en mode extrême, depuis le haut d’un barrage (!), pour exprimer la sensation de fraîcheur intense procurée par l’utilisation de leur produit : https://www.ina.fr/video/PUB606983012/colgate-sensation-proprete-intense-plongeon-video.html


Je terminerai en précisant que le plongeon a inspiré bien d’autres films, même si dans ces cas-là il est pratiqué par des amateurs, voire par des animaux. Voici une liste de liens pour les voir en ligne :

5 mètres 80, de Nicolas Deveaux (2013). Dans une piscine olympique déserte, un troupeau de girafes se lance dans un enchaînement de plongeons acrobatiques de haut vol : http://www.dailymotion.com/video/xxyuig

Allez hop!, de Juliette Baily (2012). Une jeune femme sur un plongeoir hésite à sauter. Qu’est-ce qui la retient ? Elle saute. Ouf ! C’est fait, on n’en parle plus. Jusqu’à ce que… https://vimeo.com/63227734

The Diver, de We Are Batch Tv (2018). La brève histoire d’une jeune femme qui n’a pas confiance en elle mais qui sait que plonger est sa passion : https://vimeo.com/271045619

Hopptornet, de Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck (2017). Un plongeoir de 10 mètres. Une situation qui illustre un dilemme. La peur de se jeter à l’eau, l’humiliation du renoncement. Comment sommes-nous lorsque nous hésitons ? Lorsque nous prenons une décision ? Que faisons-nous quand nous sommes seuls, et quand nous sommes avec les autres ? https://vimeo.com/154583964

Le Grand Bain, de Tom Gargonne (2010). Le Grand Bain est une fable d'anticipation. Ici, le monde du travail est transposé dans celui du sport. André est nageur. Il doit participer à des compétitions de natation qui décideront de l'avenir de son entreprise. Mais ce monde de rivalité dans lequel sa fille, Flo, s'apprête à grandir, André n'en veut plus. Alors il baissera les bras, mais pour mieux plonger. https://vimeo.com/198120085

Vous pouvez également consulter nos courtes vidéos sur le sujet, intitulées « Sautera, sautera pas ? » (https://youtu.be/T2mt9nBGjaA) et "Oh temps à nouveau, de nous jeter à l'eau", un montage de séquences de plongeons extraites de films et de dessins animés populaires (https://youtu.be/Dw4h9B7ygxk)


Article écrit par Anne-Sophie Gomez, rédactrice du carnet de recherches « aquacult » (https://aquacult.hypotheses.org) et créatrice de la chaîne YouTube du même nom, consacrée aux représentations et à l’imaginaire des piscines dans l’art et la culture : https://www.youtube.com/channel/UCmNs3hUAdpb_pYmZyU44v-g


[1] Pour voir une sélection de ces œuvres, nous vous invitons à visiter nos galeries virtuelles consacrées à la représentation du plongeon : https://aquacult.hypotheses.org/plongeon-sportif-via-getty-images ; https://aquacult.hypotheses.org/9652




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