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La natation vue par les cinéastes

En dépit des contraintes techniques qu’elle entraîne (corps filmés en mouvement et éventuellement en prises de vue subaquatiques), la natation de vitesse est un sujet qui a inspiré de nombreux cinéastes, que ce soit en mode documentaire ou fictionnel. Nous vous proposons ici une sélection de films internationaux d’époques et de format variés, en espérant qu’ils aideront, en cette période de pandémie, les nageurs, assidus ou amateurs, à patienter jusqu’à ce que l’accès aux bassins soit de nouveau plus simple… Lorsque les films sont visibles gratuitement en ligne, ils seront intégrés dans cet article. À défaut, nous vous donnerons accès à leur bande-annonce ou à un extrait, le plus souvent avec des sous-titres en anglais.

L’un des attraits de la natation de vitesse réside dans la performance, à la fois sportive et cinématographique, dont elle est la promesse. Mais elle permet aussi, nous le verrons, d’aborder d’autres thèmes, sociétaux, historiques, intimes ou psychologiques.


Nous débutons notre parcours avec le documentaire consacré en 1931 par le cinéaste Jean Vigo à un homonyme, le champion français Jean Taris (1909-1977). Ce court-métrage (9’) s’intitule La Natation par Jean Taris, même si on le trouve aussi sous le titre Taris, roi de l'eau. Ce film de commande pour les studios Gaumont fut tourné dans la piscine du Sporting Club à Paris, en une semaine au lieu des trois jours prévus, tant Jean Vigo se montra rigoureux et perfectionniste. Le film apparaît comme une célébration du mouvement bien exécuté et de l’effort sportif, ainsi que comme une avancée cinématographique : les plans du nageur sous l'eau furent saisis à travers des hublots, inaugurant une technique de tournage subaquatique. Cependant, Jean Vigo ne fut pas satisfait de ce film et le renia peu après son tournage.



En 1963, le cinéaste canadien Gilles Carle a lui aussi réalisé un documentaire (27’), Natation/The big Swim, consacré à de jeunes athlètes canadiens inscrits aux Jeux olympiques de 1964 à Tokyo et qui consacrent chaque minute de loisir à leur entraînement en piscine. Sous l'œil critique de l'entraîneur Ed Healy, ils travaillent sans relâche pour développer leur force et leur endurance



Trois ans plus tard, en 1966, Dominique Delouche consacre un documentaire de 10’, Aquarelle, à la nageuse Christine (« Kiki ») Caron, alors âgée de 17 ans, lors de ses séances d’entraînement à la piscine des Tourelles, à Paris (aujourd’hui Piscine Olympique Georges Vallerey). La nageuse y commente les images de ses compétitions et de ses entraînements, aquatiques et gymniques, sous la houlette de Suzanne Berlioux. On la voit aussi se confronter à la nageuse américaine Cathy Ferguson.



A titre d’écho contemporain, nous évoquerons le documentaire intitulé Swimming the french way (52’), réalisé en 2016 par Laurent Bouit et coproduit par beIN Sports. Le réalisateur part à la découverte de la natation française à travers le Sporting Club Universitaire de France, le Mulhouse Olympic Natation, le Cercle des Nageurs d'Antibes et le Cercle des Nageurs de Marseille, avec des témoignages de Laure Manaudou et d’Alain Bernard. On y découvre les coulisses des entraînements et de la « fabrique » française de champions.



D’autres cinéastes ont choisi le genre du documentaire pour rendre hommage à des nageurs et nageuses victimes d’antisémitisme au milieu du XXe siècle. C’est le cas de Christian Meunier, auteur en 2001 du documentaire intitulé Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz (52’). Alfred Nakache est né le 18 novembre 1915 à Constantine en Algérie. Très vite, il se fit remarquer par ses exceptionnelles qualités de nageur. En 1931, il devint champion d’Afrique du Nord. Il participa en 1936 aux Jeux Olympiques et remporta avec l’équipe de France le relais 4 x 200 mètres. En 1941, il battit le record du monde du 200 mètres brasse. Il s’installa à Toulouse après avoir été expulsé de son poste de professeur dans un lycée parisien, en raison de ses origines juives. En 1943, la Gestapo l’arrêta et le transféra à Drancy avec sa famille. En 1944, il fut déporté à Auschwitz où sa femme et sa fille trouvèrent la mort. Il fut ensuite transféré à Buchenwald et libéré en mai 1945. De retour en France, il reprit aussitôt l’entraînement et redevint champion de France à 31 ans avant de battre un nouveau record du monde. Le documentaire de Christian Meunier mêle interviews, témoignages, articles de presse et images d’archives qui composent le portrait d’un homme et d’un sportif exceptionnel. Le quotidien L’Équipe écrivit, au moment de la sortie du film en 2001 : « Au fil de ce voyage, des proches – amis, parents, coéquipiers, compagnons de déportation – se souviennent (...) des moments drôles ou tragiques partagés avec celui qui, selon un des témoins, "marchait comme Charlie Chaplin, riait comme Henri Salvador et nageait avec passion". »



Un autre documentaire, Watermarks (2004, 77’), réalisé par Yaron Zilberman, s’intéresse aux nageuses du club juif de l’Hakoah de Vienne (Hakoah signifiant « force » en hébreu) qui, dans les années 1930, dominaient les compétitions nationales autrichiennes. L’annexion du pays par l’Allemagne hitlérienne marqua un coup d’arrêt aux performances de ces championnes. Les nazis ordonnèrent la dissolution du club. Toutes les jeunes femmes prirent alors le chemin de l’exil. Soixante-cinq ans après, Yaron Zilberman est parti à la rencontre de sept de ces nageuses. Dispersées par les aléas de l’histoire, elles n’ont cessé, chacune de leur côté, de cultiver leur passion de la natation. Dans ce documentaire, les anciennes athlètes se retrouvent pour la première fois dans leur ancienne piscine de Vienne, l’Amalienbad, un bassin couvert art déco construit dans les années 1920.



Un autre angle d’approche, qui a nourri de nombreuses fictions, est celui de la pression et de la fatigue inhérente aux compétitions. Cette pression peut stimuler, mais elle peut aussi lasser et user, comme dans le court-métrage d’animation Jean-François, de Tom Haugomat et Bruno Mangyoku, en 2009 (6’) : Jean-François est un champion de natation reconnu et consacré. Mais la nostalgie le hante, celle des souvenirs de son enfance en bord de mer, là où naquit sa passion pour le monde aquatique.



Toujours dans le domaine de l’animation, le troublant court-métrage Quand j’ai remplacé Camille, de Leïla Courtillon, Rémy Clarke et Nathan Otaño (2017, 7’), ajoute à la difficulté de la pression celle du deuil et du doute : Laure vient juste de remplacer la nageuse décédée d’une équipe de natation de relais. Mais la compétition est toute proche et Laure n’a toujours pas le niveau pour que l’équipe se qualifie. Dans ce climat de deuil et de tension sportive, l’ancienne nageuse l’obsède. A la peur de l’échec se superpose la difficulté d’intégrer un collectif dans des circonstances tragiques.



Une vidéo publicitaire pour la marque d’accessoires de natation Arena™, exprime bien la difficulté d’être un nageur de haut niveau, la volonté et la discipline requises mais aussi la beauté de ce sport et de la quête des profondeurs, tant aquatiques que mentales. Ce spot de 2015, d’une durée d’une minute, qui débute par la formule “When You Say You’re a Swimmer”, met en scène la nageuse américaine Lauren Morford.



Dans le court-métrage brésilien Vicente, de Marcos Guttmann (1995, 11’), le personnage éponyme est un jeune garçon programmé, de par son prénom déjà, à la victoire : Vicente, du latin vincente, de vincens, participe passé du verbe vincere, vaincre … Mais à dix-huit ans, Vicente n’est pas insensible aux tentations de son âge : les filles et les fêtes semblent en effet plus attrayantes à ses yeux que les entraînements à répétition et les compétitions pour lesquelles il faut se lever tôt. Toutefois, il n’est pas si simple d’apprendre à perdre. Et la pression grimpe lorsqu’il s’agit de se préparer pour les Jeux Olympiques et d’honorer la mémoire de son père, décédé trop tôt pour le voir triompher. Pris en étau entre les exigences du coach et les ambitions maternelles, Vicente accomplira-t-il son destin de champion ?



Le rêve olympique est aussi central dans le court-métrage autrichien Nachtschwimmen de Markus Engel (2001, 17’) : Elena ne souhaite qu’une seule chose, nager aux Jeux Olympiques de Barcelone de 1992. La jeune fille met au point un plan d’entraînement spécifique à cet effet : parcourir à la nage la distance entre Berlin et Barcelone dans une piscine.


Se préparer à la compétition, c’est certes affronter les autres mais aussi se retrouver face à soi-même, comme dans Krooli/The Crawl du réalisateur finlandais Pekka V. Lehtinen (2004, 26’) : une jeune nageuse de compétition (Sirja Luomaniemi) rencontre dans ses rêves la nageuse la plus rapide du monde (Therese Alshammar) et fait la course avec elle. Il ne s’agit pas d’un documentaire biographique, bien que les personnages principaux soient joués par de véritables athlètes. Krooli se déroule presque entièrement dans ou à proximité de l’eau, dont il explore le rôle et la signification dans la philosophie de la natation. Ce film poétique et onirique questionne, à travers une ode à l’élément aquatique, l’importance d’un sport pour un jeune athlète de compétition en quête de sa place dans sa discipline mais aussi dans la vie.



Un autre court-métrage, polonais cette fois, se situe à la frontière du rêve, ravivant des souvenirs fantasmatiques enfouis sous la surface. Il s’agit de Łaźnia, de Tomek Ducki (2013, 4’) : deux vieilles dames se retrouvent aux bains pour leur habituelle séance de natation. Cette fois, elles vont plonger plus profondément que d’habitude et renouer avec des sensations passées et l’adrénaline de la course.



Mais lorsque l’âge et la fatigue s’en mêlent, il faut savoir s’arrêter. Ce qui souvent est plus simple à décider qu’à mettre en œuvre. C’est la difficile expérience que fait l’héroïne du long-métrage canadien de Pascal Plante, lui-même ancien nageur de haut niveau, Nadia Butterfly (2020, 107’) : Nadia, nageuse de papillon de 23 ans, prend la décision controversée de mettre un terme à sa carrière à l’issue des Jeux olympiques, lasse de sa vie de sacrifices. Après sa dernière course, Nadia dérape dans les nuits d'excès. Mais il lui faudra retrouver le cap pour définir son identité en dehors du monde du sport de haut niveau.



Parfois, la compétition se déroule dans un univers dystopique. L’issue des courses se révèle alors crucial pour l’avenir des nageurs, qui se livrent une concurrence acharnée. C’est le cas dans le court-métrage américano-suédois Swimming away, de Margarita Jimeno (2010, 15’) : dans une piscine isolée et délabrée, trois nageurs sont en compétition dans la finale du concours de natation annuel afin de gagner la citoyenneté suprême. Une foule à l'extérieur tente désespérément de prendre part à la compétition mais celle-ci est sous haute surveillance. Dans ce film à la violence latente et à l’atmosphère inquiétante, le sentiment d’oppression et de malaise domine.



Dans Le Grand Bain, de Tom Gargonne (2010, 25’), André est contraint de participer à des compétitions de natation qui décident de l’avenir de son entreprise et de la préservation de son emploi et de celui de ses collègues. Ce monde de rivalité dans lequel sa fille, Flo, s’apprête à grandir, André n’en veut plus. Alors il baissera les bras, pour mieux plonger et retrouver la mer, qui elle est sans limites. Dans ce court-métrage sombre, à la fois dans son image et dans son propos, la natation de compétition fonctionne comme une métaphore de la brutalité des rapports sociaux en entreprise et, plus généralement, de la violence d’une société qui impose à ses travailleurs une pression parfois insoutenable.



Film d’anticipation ou – espérons-le – de science-fiction climatique, El Nadador de Soledad Mariel Fernández (2010, 6’) imagine un futur dans lequel il n’y a plus d’eau. Un nageur découvre alors que toutes les piscines ont été fermées et décide de se suicider. Il y renoncera et tentera de résoudre son problème en collectant ses larmes et sa sueur afin de créer un substitut de piscine.



Plusieurs films se concentrent sur les relations entre les nageurs et leur entraîneur, lequel occupe une place importante voire décisive dans la vie de ces adolescents, provoquant, à un âge considéré comme charnière, des émotions souvent ambiguës, oscillant entre trouble, admiration, soumission et rébellion. C’est le cas dans le court-métrage russe Aquathlon (2017, 16’). Alexey Shabarov y raconte l’histoire d’un adolescent qui, poussé par sa mère, s’inscrit à un cours de natation avec un maître-nageur particulièrement exigeant et impitoyable. Mais bientôt, il s’avère plus important pour lui de se rebeller que d’apprendre à nager.

Avertissement : ce film contient des scènes de violence physique et psychologique.




Dans le court-métrage hongrois Pinkwater (2011, 13’), Andi est une adolescente de quatorze ans qui éprouve un amour platonique pour son entraîneur. Elle préfère d’ailleurs supporter les moqueries de son équipe sur son béguin, plutôt que de renier ses sentiments. Mais quelle est la solution lorsque l’on est désespérément amoureux ? Un jour Andi décide de tout mettre en œuvre pour se faire remarquer.



Si la piscine est un lieu de rivalité et d’affrontement, elle peut aussi se révéler pour les jeunes sportifs comme un cocon où se nouent des amitiés et des solidarités, à l’instar de ce qui se passe dans le film lituanien Plaukikė/The Swimmer, de Gabrielė Urbonaitė (2013, 28’). Ariel, jeune nageuse prometteuse, passe son été à préparer les prochains Jeux Olympiques. Dans la piscine, elle rencontre Grete qui vient de commencer ses cours de natation. Malgré leur différence d’âge, elles deviennent amies, Ariel aidant Grete à surmonter sa peur de sauter dans l’eau.



Dans le long-métrage franco-argentin Agua, de Verónica Chen (2005, 89’), Goyo, un ancien champion de natation en eau libre injustement accusé de dopage lors d'un marathon en Argentine, a tout abandonné pour se réfugier dans le désert. Huis ans plus tard, le Marathon va de nouveau avoir lieu. Il revient pour tenter de reconquérir son honneur. De vieilles émotions refont surface et l'oppressent. Goyo rencontre Chino, un nageur en piscine consciencieux et obstiné, qui rêve d'une sélection en équipe nationale. Ils décident de s’entraîner à deux.



Dans le drame Welcome, de Philippe Lioret (2009, 110’), le lien d’entraide se double d’un arrière-plan sociétal sur fond de crise migratoire : pour impressionner et reconquérir sa femme, Simon, maître-nageur à la piscine de Calais, prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage.



En 2007 est sorti un long-métrage américain intitulé Pride (104’). Il s’agit d’une fiction réalisée par Sunu Gonera et inspirée de l'histoire de l'entraîneur Jim Ellis qui, pour remettre dans le droit chemin un groupe d'adolescents difficiles promis à un avenir de délinquants, décide de monter une équipe de natation composée d’Afro-Américains dans un quartier chaud de Philadelphie et d'enseigner à ces jeunes d’autres valeurs que celles de la rue.




C’est un lien d’une tout autre nature qui se noue entre deux nageurs dans Płynące wieżowce/Ligne d’eau, film polonais de Tomasz Wasilewski en 2013 (93’). Kuba, jeune homme sportif, semble promis à un brillant avenir. Il s’entraîne intensivement pour devenir champion de natation. Mais entre les compétitions, sa petite amie et sa mère possessive chez qui il vit toujours, il se sent prisonnier. Un soir il rencontre Michal, un garçon à la beauté troublante qui le fascine instantanément… Et tout bascule. Malgré le poids d’une société polonaise restée majoritairement catholique et très conservatrice, il se met à rêver d’une autre vie, d’un autre possible, et va tout faire pour vivre cette nouvelle passion.



La découverte de son homosexualité à la piscine est un thème fréquemment traité au cinéma, même s’il ne touche pas que des sportifs. Dans Agua, de Ricardo Esparragoza (2014, 12’), la vie du jeune Daniel change lorsqu’il rencontre son nouveau partenaire d’entraînement. La personnalité extravertie de Carlos déclenche une série de questions chez Daniel, qui s’interroge notamment sur sa sexualité.



Il arrive aussi que la quête du succès sportif se mêle à une quête identitaire plus personnelle et familiale, comme dans le film néerlandais Het Leven van Esteban/La vie d’Esteban de Ines Eshun (2017, 15’) : Esteban, un jeune garçon métis, grandit auprès de sa mère célibataire et ne sait pas qui est son père. À la recherche de son identité et admirateur de la détermination et du courage du nageur africain Eric Moussambani, il découvrira que la natation est une métaphore de la vie elle-même.



Certains films nous donnent à voir des nageurs différents mais tout aussi passionnés par leur discipline, comme le jeune Mexicain Richard Herrera, champion de natation originaire de Coahuila et qui a remporté l’or dans de nombreuses épreuves internationales. Le documentaire d’Ariel Danziger, Ritmo del Agua (2020, 9’) montre un jeune homme soucieux de prouver à sa famille et à ses amis que la trisomie 21 n’est pas un obstacle à la réalisation de ses rêves.



Le climat est bien moins serein dans Butterfly, d’Alex Withers (2017, 16′), Jane, une nageuse de 16 ans, est handicapée par une épilepsie dont elle se croyait guérie et qui réapparaît avant une compétition cruciale. Alors que sa carrière d’athlète est en suspens et que sa qualité de vie est menacée, elle doit décider quelles sont ses priorités avant qu’il ne soit trop tard.



Du côté des séries, Vestiaires, créée par Adda Abdelli et Fabrice Chanut, suit depuis 2011 en format très court (2’30 par épisode) les (més)aventures et les discussions de nageurs handisport qui se retrouvent chaque semaine à la piscine pour leur entraînement et nous font partager leur vision du monde, pleine d’humour et de dérision.




Nous voici parvenus au terme de ce parcours cinématographique international, qui ne prétendait pas à l’exhaustivité tant la natation a inspiré de cinéastes. Pour découvrir davantage d’œuvres et de ressources, nous vous invitons à découvrir notre carnet de recherches consacré à l’imaginaire et à la représentation des piscines dans l’art et la culture : https://aquacult.hypotheses.org


Dans un futur article, nous vous parlerons de la natation synchronisée vue par les cinéastes, et dans un autre, nous nous pencherons sur la représentation cinématographique de trois sports plus méconnus du grand public : l’apnée, le water-polo et le hockey subaquatique. A bientôt !


Anne-Sophie Gomez




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