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Entretien avec Vincent Radureau : une plongée dans l'univers du polar et de la NBA


Vincent Radureau, l’une des figures historiques du service des sports de Canal+ où il est entré en 1992. On ne le savait pas amateur de polar. Mais Le dernier match de River Williams (Hugo sport, 2020) et L'ombre d'un géant (Hugo Thriller, 2021) il vient de nous proposer coup sur coup deux excellentes fictions dans l'univers de la NBA. Est-ce le début d'une belle série ? Rencontre.



Vous aviez déjà écrit d’autres livres, et plutôt sur le football, mais jamais de fiction. Comment vous est venu l’idée de créer ces deux polars ?

Effectivement mon premier livre a été publié à la fin des années 90, il était consacré à l’aventure d’Éric Cantona en Angleterre et j’ai aussi co-écrit, avec Mickaël Grall, le football pour les nuls. Jusqu’à présent, je n’avais fait que des ouvrages documentaires. En discutant avec Bertrand Pirel, éditeur chez Hugo Sport, il m’a proposé d’unir mes deux passions, l’écriture et le sport, et plus précisant le polar, genre que j’affectionne tout particulièrement. La NBA véhicule une imagerie passionnante, j’avais un cadre incroyable, des joueurs hors-normes, mais aussi l’Amérique et son coté glamour et mythique. J’avais déjà écrit des manuscrits de polar sans jamais penser à utiliser le sport. Bertrand m’a aidé à faire tomber cette barrière que je m’étais mise entre ces deux mondes. Je me suis engouffré dans cette très belle brèche.



Qu’incarne le personnage de River Williams pour vous ?

Un Immense athlète, un champion en devenir mais qui a grandi trop vite et trop différemment de tout le monde. Il emprunte d’autres chemins qui vont le fragiliser. C’est un colosse en pieds d’argile, puisque mentalement, il est en souffrance. C’est cette dualité qui m’intéressait, entre le monstre physique et la fragilité enfantine. Je me suis plus inspiré d’histoires de jeunes footballeurs dont j’avais entendu parler.


L’influence et l'impact des réseaux sociaux, une élection américaine, les suprémacistes blancs, la dérive du journalisme vers le scoop au détriment de l’information. L’ombre d’un géant est parfaitement ancré dans notre époque. Pourquoi cette volonté ?

Je suis journaliste et l’actualité me passionne, particulièrement aux États-Unis. J’ai écrit le roman à la fin de l’année 2020, en pleine élection américaine et toutes les outrances que cela a généré, du refus du résultat de Trump jusqu’à l’envahissement du capitole par les suprémacistes blancs. C’est aussi le mouvement Black Lives Matter, repris par les basketteurs de la NBA dans la bulle à Orlando. Ils sont depuis longtemps très sensibles aux mouvements sociaux, aux inégalités sociales et raciales. C’est cohérent que tout cela soit mélangé de cette actualité. Et puis, j’aime bien dans une fiction voir apparaître des éléments du réel, cela ajoute un côté plus sombre et tendu à l’histoire. D’ailleurs, sur le basket, j’ai également fait des liens avec la réalité de la NBA, tout n’est pas inventé.



Vous faites une critique du monde politique à travers ses deux candidats à la présidentielle et mais aussi du monde journalistique représenté par Kelly. Pourquoi cette double critique ?

La critique du monde politique, c’était tout simplement ce que je pouvais suivre au jour le jour sur Fox News et CNN pendant la campagne américaine. Cette manière de récupérer chaque histoire pour enrichir ensuite son discours politique. J’ai adapté cela à ma fiction. Concernant l’univers des médias, comme je suis journaliste, cela me plaisait de l’ajouter à ce polar sur le sport, je voulais parler de ses codes, de ses méthodes parfois douteuses, de son exigence. Je sais aussi ce que représente Fox News aux Etats-Unis, pourquoi elle a été créée, ce qu’elle peut engendrer comme défiance vis-à-vis des discours, notamment dans leurs émissions de débat. L’ombre d’un géant est une sorte de maelstrom de politique, de journalisme, de NBA, de l’univers underground. Ça me semblait être une potion magique pour ce second roman.


Vous venez d’en parler brièvement mais ce second roman met en avant l’univers underground des playgrounds. Est-ce le lieu où les franchises peuvent dénicher des talents ?

Il y a forcément un lien car Il y a toujours eu des basketteurs issus de ses playgrounds qui percent en NBA. Ce sont des terrains de quartiers urbains. Il y a aussi des grands joueurs NBA au sommet de leur carrière qui sont venus défier ces joueurs amateurs, je pense à Kévin Durant à New-York. Il y a des liens ténus entre ces deux univers. Ce que j’ai écrit dans cette seconde fiction, c’est un univers fantasmé, j’ai inventé de toute pièce ce championnat underground non autorisé, il existe peut-être mais je n’en ai pas connaissance, c’est une pure invention !


Quelles sont vos influences ?

J’aime beaucoup les livres de David Lodge, son humour, son sens caustique et sarcastique et puis dans l’univers du polar, je pense à Harlan Coben. Il a su mêler le monde du sport et du polar, notamment avec son personnage de Myron Bolitar, un ancien joueur de basket devenu agent de joueur et qui endosse le rôle de détective privé. J’aime aussi sa manière de mener ses stratégies d’écriture.


Un troisième volet est-il envisagé ?

C’est en discussion avec mon éditeur. Nous avons cette envie de faire une série, que l’histoire ne s’arrête pas là. Il y a d’autres histoires à écrire avec le sport en toile de fond. Et puis il y a toujours cette idée que les lecteurs ne sont pas forcément fans de sport et que les passionnés de sport ne sont pas forcément des lecteurs. J’ai cette volonté de réconcilier ces deux univers. J’ai eu de beaux retours sur le premier roman de personne qui ne lisait pas ce genre de livres. Il y a sans doute un moyen de les amener à la lecture de fiction.

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