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“J’peux pas, j’ai synchro"!


On l'a vu sous les drapeaux, servir la république. Aperçu aux tableaux des classes éducatives. Mais sa bonhomie ne rentrait pas dans ces costumes souvent mal taillés. Alors, il a décidé d'enlever le haut et le bas. Il ne restera que le maillot de bain.

À l’heure de la défense du genre féminin, voici qu’un homme vient nager dans les plates-bandes de la natation artistique (car il faut l’appeler ainsi, aux oubliettes la natation synchronisée !). Dans ce monde aquatique bien régi, où l’on ne bouge pas du sourcil, où il faut sourire à vous écarteler les zygomatiques, Jean-Philippe Jel vient éclabousser les codes façon puzzle. Il fait bouger les lignes… d’eau.


Eau capitaine ! L'ancien capitaine est bien singulier ! Non seulement il l'assume mais il en joue. La singularité à le goût du chlore. Peu importe ses formes, c’est du fond de la piscine qu'il s'exécute. À la recherche du beau geste.


Il faut bien l'avouer, j’ai peu d’accointance avec cette discipline sportive. Disons que j’en ai autant pour la natation artistique que je peux en avoir avec le curling. C’est dire ! Qu’importe, la curiosité aidant, me voici bien moins innocent (Et Dieu sait qu'il y a du boulot !). J’en serai presque à regretter le report des Jeux Olympiques de Tokyo. J’aurais pu me gargariser, devant mes amis. J’aurais pu expliquer "la grue", "les jambes de ballet", "la crevette de surface" et mon préféré : "le coup de pied à la lune" (pas pour la technique mais pour la poésie du terme).

Eau capitaine ! Mon capitaine, voici un ouvrage drôle et sans fard. Ici on appelle un chat un chat, un nageur, une nageuse. Il y a d’ailleurs un petit côté Audiard ou Frédéric Dard quand l'auteur évoque des “neurochirurgiens du maillot de bain”.

D’ailleurs ce livre n’est pas qu’un témoignage. Il n’est pas que le récit d’un homme qui a voulu choisir sa vie. Il est un guide. À celui ou celle qui se sent pousser des nageoires, car il explique comment il faut s’y prendre. Cet ouvrage traîne au bord des piscines municipales, c’est évident.

Bien sûr, le cinéma s’est emparé du sujet, mais laissons “Le grand bain” à ce qu’il est, un divertissement. Jean-Philippe Jel n’est pas là pour amuser la galerie. Il a cette discipline chevillée au corps. Et vu comment il fait tomber les murs édifiés de préjugés, je ne serai pas surpris que la natation artistique masculine ait un jour, les honneurs olympiques. Paris 2024 ? Alors on érigera sa statue au bord d’une piscine suisse. Et une nuit il viendra la déboulonner. Car chez lui rien ne doit être immobile.

Eau capitaine ! Mon capitaine, vous nagiez et bien, synchronisez maintenant !

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