5 questions à Astrid Guyart
Astrid Guyart est d’abord connue pour son palmarès sportif : membre de l’équipe de France d’escrime, elle est multi-médaillée mondiale et a participé aux Jeux olympiques de Londres (2012) et à ceux de Rio (2016).
Astrid Guyart troque ici le fleuret pour la plume et conduit son personnage, Jo (un prénom qui ne s’invente pas) à la rencontre des plus grands champions tricolores… Jo s’essaie ainsi à l’escrime auprès du Champion Olympique Brice Guyart dans Le face-à-face de Jo. Dans Jo Haut perché, il découvre le saut à la perche grâce à la Vice-Championne du monde Vanessa Boslak, alors que Le Rebond de Jo lui permet de pénétrer dans le milieu du basket aux côtés de la Vice-Championne Olympique Emmeline Ndongue. Le Coup de Main de Jo nous introduit dans les coulisses du handball auprès des Champions du Monde Thierry Omeyer et Daniel Narcisse et les dernières aventures en date (2020) font danser sur la glace le héros éponyme aux côtés de la Championne d’Europe Nathalie Péchalat. Si Jo rencontre un sportif, il découvre aussi les valeurs du sport. Ainsi, à chaque album, une thématique de développement personnel est abordée (regard des autres, connaissance de soi, différence, solidarité, gestion des émotions).
Destinées aux enfants de 6 à 10 ans, les Incroyables rencontres de Jo allient le plaisir des premières lectures au travers d’histoires d’une trentaine de pages et la découverte d’un sport au travers d’un cahier pédagogique (présentation du sportif « rencontré » mais aussi du sport à l’honneur).
Comment sont nées Les Incroyables rencontres de Jo ?
Les Incroyables rencontres de Jo sont avant tout une histoire de famille. Je les ai d’abord écrites pour ma nièce. En effet, alors que je parcourais les rayons de librairies à la recherche d’« histoires sportives », j’ai fait le constat d’un manque : hormis des livres documentaires et quelques albums sur le football, je n'ai rien trouvé qui éveille l’imaginaire des enfants en leur racontant de belles histoires de sport. J’ai soumis les trois premiers manuscrits au Cherche-midi et l’éditeur m’a rapidement signalé son intérêt. Histoire de famille, encore, du côté de l’illustration puisqu’Olivier Loyen est un cousin éloigné. Il dessine depuis qu’il est en âge de tenir un crayon et il a su donner vie à Jo. Toutefois, je tiens à préciser que les histoires de Jo naissent d’abord de rencontres, celles de sportifs et de sportives. Si j’ai d’abord investi mon cercle proche, notamment avec mon frère (Le Face-à-face de Jo), j’ai ensuite choisi de partir à la rencontre de sportif-ve-s que je savais pouvoir donner en exemple aux enfants.
En effet, vos intrigues, placées sous le signe de l’Olympisme, promeuvent les valeurs sportives… Quelles sont ces valeurs que vous souhaitez défendre ?
Mon engagement sportif et mon expérience olympique m’ont permis de me construire. En véhiculant des valeurs telles que la tolérance, le partage, l’amitié, le respect mais aussi le dépassement de soi et l’excellence, le sport m’a permis de grandir et de devenir l’adulte que je suis aujourd'hui. Quel meilleur exemple qu’une cantine olympique pour comprendre la notion du vivre ensemble ? Côte à côte, sur de grandes tablées, les olympiens échangent quelle que soit leur nationalité, leur culture, leur religion… Avec Les Incroyables rencontres de Jo, ma démarche est de partager de ce que le sport m’a appris. Si mes livres s’adressent aux enfants, c’est aussi parce que c’est une période de construction identitaire où se vivent les premières émotions, où se nouent les premières amitiés. Les enfants ne sont pas encore prisonniers des injonctions de la société, pas encore enfermés dans leurs certitudes et sont perméables à cette transmission.
Pourquoi avoir été à la rencontre de Nathalie Péchalat ? Que représente pour vous cette sportive ?
Nathalie est avant tout une amie. Je l’ai rencontré lorsque nous avons été élues à la Commission des Athlètes de Haut Niveau du Comité National Olympique et Sportif Français. Nous avons tout de suite accroché car nous avons toutes les deux à cœur de faire avancer les choses et nous sommes des personnes de convictions. J’aime son franc-parler, son engagement, sa passion et sa sensibilité. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui m’a donné envie de parler gestion des émotions dans le dernier tome « Jo, tout feu tout glace » où Nathalie donne la réplique à Jo. Nous pouvons échanger des heures sur nos expériences sportives et nos vies en général. Au-delà de son palmarès et de son parcours sportif, c’est donc avant tout sa personnalité qui m’a donné envie de la raconter aux enfants au travers de sa rencontre avec Jo.
Finalement quelque soit le sport, Jo semble grandir dans chacune de ses aventures… N’est-ce pas finalement le message de cette série ? Le sport sert à grandir ?
En plein dans le mille ! Depuis que j’ai 5 ans, j’ai grandi au sein d’un club sportif. J’y ai moi aussi fait des rencontres incroyables puisque certains escrimeurs du club du Vésinet sont aujourd’hui encore comme les doigts de ma main. Grâce à ses valeurs, grâce aux émotions qu’il fait vivre, le sport m’a aidé à me construire en tant que personne et m’a permis de partir à ma propre rencontre. A mon sens, c’est un merveilleux outil pour se réaliser et devenir pleinement soi-même.
Vous êtes à l'origine d'une association qui cherche à promouvoir l'éducation par le sport. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Après la publication des premiers tomes de Jo, j’ai été contactée par plusieurs enseignants en élémentaire qui souhaitaient varier leurs approches et utiliser les livres comme supports à des activités pédagogiques en complément des supports traditionnels d’apprentissage. Je me suis rendue dans plusieurs classes à leur invitation et me suis aperçue qu'il y avait un réel désir d’apprendre en s’amusant autour du sport et de ses valeurs. C’est ainsi qu’est née l’association
« Les Carnets de Jo ». Elle promeut l’éducation par le sport avec pour objectifs de favoriser l’épanouissement et la réussite éducative, de construire davantage de ponts entre le sport, l’école et la culture et de mettre le sport au service de l’insertion sociale des jeunes, particulièrement ceux qui rencontrent le plus de difficultés scolaires. C’est la raison pour laquelle nous ciblons prioritairement les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Nous mettons en place des actions et créons des contenus pédagogiques et ludiques adaptés aux tranches d'âge et en collaboration étroite avec les enseignants. Notre conviction est que le sport est un formidable outil au service de la cohésion sociale et de l’épanouissement de la jeunesse.
Aujourd’hui, nous souhaitons aller encore un cran au-dessus en enrichissant nos actions. Nous avons plein d’idées : proposer des dictées « sportives » qui allient activités éducatives et physiques et permettent d'améliorer la concentration des enfants, des concours d’écriture et de dessins sur le sport pour faire travailler leur esprit créatif et même des carnets d’apprentissage interdisciplinaires, comme des "cahiers de vacances" qui pourraient être utilisés dans le cadre des « vacances apprenantes » que le gouvernement est en train de mettre en place pour cet été post-confinement. Nous savons déjà que beaucoup d'enfants ne partiront pas en vacances après avoir parfois décroché de l’école à distance pendant plusieurs mois, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses en termes de maitrise des savoirs fondamentaux.
Toute personne qui souhaite contribuer, d’une manière ou d’une autre, à l’éducation des enfants par le sport peut adhérer aux « Carnets de Jo ». Nous souhaitons par ailleurs établir un maximum de ponts avec les associations qui œuvrent déjà dans le domaine avec pour seul mantra le discours de Nelson Mandela : « L’éducation est une arme puissante pour faire évoluer les mentalités et transcender les différences, et le sport est une source d’inspiration, de dépassement, de tolérance et d’apprentissage du respect de la jeunesse. Ces deux éléments participent à créer une société plus juste et fraternelle. »
Pour plus d’information sur l’association Les Carnets de Jo
