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Des lectures pour prolonger les vacances…

1. Un livre qui sent (bon) le chlore

Cathy Karsenty, Nager aide à vivre (et rend intelligent), Hélium, 2019.


Cathy Karsenty n’a pas un passé de sportive : ses débuts en la matière se résument à aller fumer en douce derrière les buissons pendant les cours d’endurance au lycée… Un jour, pourtant, l’autrice illustratrice se décide à aller nager et c’est une révélation ! La nage devient nécessaire (elle fréquente quasi quotidiennement les bassins de natation) et elle l’instaure en véritable art de vivre. C’est cette immersion dans l’univers chaud et calfeutré des piscines municipales que Cathy Karsenty met en image dans Nager aide à vivre (et rend intelligent). Immanquablement, on pense Au goût du chlore de Bastien Vivès où l’on retrouve déjà, mis en dessin, ce plaisir de la nage…


On a aimé :


- l’humour et l’autodérision de la dessinatrice.


- sa bonne connaissance des bassins. Elle croque notamment des portraits croustillants du « peuple de l’eau », de la touriste au fétichiste, sans oublier les dames de l’aquagym qui s’activent 45 minutes dans les bassins pour s’octroyer le droit aux « 45 000 calories » d’un croissant. Au passage, on apprend à écrire « pull-buoy » (après des années de natation, il était temps !).


- la fraîcheur des dessins en noir et blanc. Rehaussés de quelques touches de rouge et de bleu « piscine », ils nous livrent l’atmosphère des bassins de natation.


- le format de l’ouvrage qui en fait un bel objet, facile à glisser dans un sac à main : il s’agit d’un petit livre carré (ou presque !) de 14 x 15 cm.


Si on veut se donner une idée du trait et de l’humour de l’autrice illustratrice, on peut aller faire un petit tour sur libération.fr : Cathy Karsenty y fait le récit de souvenirs musicaux des icônes de la chanson française… souvent drôles et jubilatoires ! (Pop memories : http://pop-memories.blogs.liberation.fr/auteurs/Cathy.Karsenty/)

2. Comme une envie de mettre les voiles…

Aude Picault, Transat, Delcourt, 2009.


Ce n’est que cet été que nous avons découvert la BD d’Aude Picault, Transat, parue il y a dix ans… et on se demande vraiment comment on a pu passer à côté si longtemps !

Aude Picault a été révélée par son blog, mais elle s’est plus largement fait connaître par son personnage Eva, mis en scène chaque semaine dans les pages de Voici.


Lasse de la routine métro-boulot-dodo, Aude Picault plaque sa vie ordinaire pour vivre son rêve : embarquer pour une transatlantique. Elle en profite pour noircir des carnets de croquis qui donneront cette BD à la fois puissante, apaisante et dépaysante… En somme, un livre qui donne envie de mettre les voiles ! On y découvre une jeune femme qui apprend la mer et, au fil des jours, en découvre la beauté. Aude Picault restitue un sentiment de liberté par des dessins pleine page qui fixent la dimension mouvante de l’océan, sa beauté et son immensité. Le trait est simple, sans fioriture et va à l’essentiel. Un livre que l’on referme à regret.



3. Grandir à l’ombre d’une mère championne

Aylin Manço, La Dernière marée, Talents hauts, 2019.


Publié dans la collection « grands formats » de romans destinés aux ados (pour les 13 ans et plus), La Dernière marée, premier roman d’Aylin Manço, s’ouvre sur un décor apocalyptique : la mer se vide dans un grand mouvement de reflux et la station balnéaire, d’ordinaire bondée, est aujourd’hui désertée.


Une mère et une fille, Elo, se retrouve en vacances dans ce décor de fin du monde, au bord de cette mer où elles ne peuvent pas nager… Elo a treize ans. Comme le souligne Michel Abescat dans Télérama (7 mars 2019), « L’héroïne s’appelle Elo, comme un bonjour qui n’ose pas. Un ‘hello’ timide au changement qui vient, plein d’angoisse et d’envie mêlées. Et l’eau tient une place majeure dans ce récit métaphorique du passage de l’enfance à l’âge adulte » (https://www.telerama.fr/enfants/livre-pour-enfants-la-derniere-maree,-daylin-manco,-un-fort-recit-metaphorique,n6159933.php). Car ce roman est bien le récit du difficile passage de l’enfance à l’âge adulte, d’une identité en devenir qui se dessine à l’adolescence.

Si la natation n’est pas au cœur de l’intrigue, elle est constitutive de l’identité des personnages : la mère est cette championne, admirée de tous, qui a traversé la mer (ou plutôt un bras de mer). Son physique porte le souvenir de ses exploits : très grande et toute en muscles, elle incarne l’excellence sportive. La fille a appris à nager avec sa mère (c’est peut-être la seule chose qu’elles partagent vraiment ?) et lui voue une admiration sans borne…

Or, tout déraille dans ce cadre apocalyptique : la mère d’abord, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, la famille qui, à sa suite, semble perdre pied. L’impossibilité de nager se transforme en angoisse existentielle…


Un excellent roman pour évoquer la complexité des relations familiales, la dépression et la progressive émancipation des enfants. À conseiller pour tous CDI de collège.

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